La version préalable du SDRIFe 2040 est paru le 15 avril 2023.. FNE Ile de France en a fait une analyse détaillée (livre blanc Contribution au SDRIF-E, Mai 2023 Numéro spécial - Supplément n°198). Nous en donnons ici de larges extraits.
Rappel du Planning du SDRIFe 2040 :
- La V1 détaillée du SDRIF-E a été publié le 15 avril dernier.
- Elle va faire l’objet de modifications jusqu’à la fin mai, puis sera soumise au vote des élus début juillet.
- L’enquête publique débutera en janvier 2024, pour trois mois. Ce sera également un temps fort durant lequel les citoyens devront intervenir.
- Le vote du Conseil régional est prévu en juillet 2024.
- Le Schéma devra ensuite être validé par le Conseil d’État.
Nous n’avons pas de temps à perdre pour le remettre en cause. FNE Ile de France dans son livre blanc nous présente une analyse assez complète de cette version préalable.
L’analyse de FNE ile de France
- En résumé
Le passage en revue les cinq chapitres qui structurent la première version du document montre que les moyens proposés ne sont pas à la hauteur des enjeux environnementaux. Pire, en faisant le tour des départements, le décalage important entre les objectifs annoncés et la réalité du terrain sautent aux yeux.
La version 1 du SDRIF-E reste trop peu ambitieuse, trop peu prescriptive. Il faut aller plus vite et plus fort. FNE Ile de France préconise de :
- diviser par deux de la consommation d’espace d’ici 2030, et non simplement réduire de 20%,
- prendre en compte les projets de l’Etat dans le calcul du ZAN,
- afficher une ambition plus élevée pour la préservation de l’environnement (Inscrire toutes les continuités écologiques, Augmenter à 50% l’objectif affiché de 30% de pleine terre dans les communes carencées, Limiter au maximum l’usage de la compensation),
- établir un équilibre entre l’emploi, l’habitat et les services reliés entre eux par des transports de proximité tels que des tramways et BHNS afin de permettre la création de bassins de vie. Promouvoir un véritable polycentrisme ne passe pas par la création de nouveaux moyens de transports lourds qui ne favoriseront pas l’émergence de bassins de vie.
- sortir de l’objectif de production annuelle de 70 000 logements,
- sanctuariser les terres fertiles agricoles (triangle de Gonesse, Plateau de Saclay, et Val Bréon),
- mettre au centre du futur SDRIF-E la santé environnementale des Francilien.ne.s et la décarbonation de l’économie francilienne.
- Analyse par chapitre (verbatim du texte dont l’intégralité en donné en pièce jointe)
Chapitre 1 : « Des populations protégées grâce à un environnement préservé. » Des mesures insuffisantes
La première version du SDRIF-E décrit trois priorités devant permettre de composer une armature verte régionale : une protection plus forte d’espaces soumis à la pression urbaine ainsi qu’une volonté de renaturation au cœur des zones urbaines. Elle détaille également la volonté d’atténuer les effets du changement climatique et d’adapter les territoires en conséquence.
Afin de tenir ces objectifs, plusieurs orientations et axes prioritaires ont été définis par la Région. Mais ces orientations sont extrêmement générales et manquent d’ambitions, sans indications d’objectifs chiffrés et précis. Le principal effet de la non-inscription d’objectifs chiffrés et ambitieux est, au vu de la situation particulière de l’Île-de-France, de voir les enjeux environnementaux s’effacer sous la pression foncière et l’appétit spéculatif.
Enfin, cette première partie du SDRIF-E ne détaille pas la mise en place de l’objectif de sobriété foncière Zéro Artificialisation Nette, fixé par la loi Climat et Résilience à l’année 2050. La Région Île-de-France devrait a minima se soumettre d’elle-même à l’objectif national de réduction du rythme d’artificialisation de 50% en 2030.
Chapitre 2 : « Une gestion stratégique des ressources franciliennes : sobriété, circularité et proximité. » Un manque d’ambition
Le deuxième axe du projet d’aménagement du SDRIF-E semble vouloir développer trois priorités qui font aujourd’hui consensus : protéger les espaces ressources pour produire plus local, réduire la consommation et enfin développer les projets de la transition environnementale.
La protection des ressources locales (agricoles, forestières et en matériaux de carrières) semble demandée. Toutefois, les orientations réglementaires et la réalité du terrain démontrent la faiblesse des mesures de protection. « Une attention particulière doit être apportée à la protection des espaces agricoles en secteur urbain et périurbain, notamment dans la Ceinture verte » est-il écrit. Comment l’exécutif régional peut-il alors expliquer que les terres agricoles fertiles du plateau de Saclay et du triangle de Gonesse soient encore menacées et non sanctuarisées.
La deuxième priorité est le développement d’une économie circulaire régionale permettant une gestion sobre des ressources. En la matière, le SDRIF-E n’apporte pas de précisions. En plus de manquer d’objectifs précis et chiffrés, les orientations réglementaires manquent également d’ambition.
Enfin, les moyens mis en œuvre pour atteindre la neutralité carbone en 2050 via le développement des énergies renouvelables nous semblent également insuffisants. Le développement de l’éolien est conditionné à l’acceptabilité dans les territoires et de ce fait mis entre parenthèses.
Chapitre 3 : « Vivre et habiter en Île-de-France : des cadres de vie désirables et des parcours de vie facilités. » Des objectifs de construction irraisonnés
L’objectif de production de 70 000 logements par an est martelé, et son dépassement semble même souhaité. Pourtant, il est bien documenté que le chiffre de production de 70 000 logements est artificiel au vu de l’augmentation annuelle de 50 000 nouveaux habitant.e.s dans la région. L’objectif de production de 70 000 logements par an ne semble pas compatible avec l’atteinte du ZAN en 2050. Les solutions pour limiter la construction en favorisant la rénovation du parc existant sont minimisées
Résoudre la problématique du mal-logement ne passe pas par la poursuite d’un objectif chiffré de production de logement, qui autorise de surcroît la construction en extension urbaine. L’urgence sociale quant à elle n’est pas suffisamment prise en compte : les dispositifs de logement intermédiaire considérés comme abordables par la Région ne sont inférieurs que de 10 à 15% du prix du marché. Au regard des prix déraisonnables du marché francilien, cela est loin de résoudre la crise du logement.
Chapitre 4 : « Conforter une économie compétitive et souveraine, engagée dans les grandes transitions. » Une insuffisante prise en compte de l’environnement
La priorité de conforter le rayonnement et le dynamisme économique de l’Île-de-France dans tous ses territoires semble, au vu de certaines orientations peu contraignantes, pouvoir obérer l’atteinte du zéro émissions nettes et zéro artificialisation nette.
Le report du transport de marchandises de la route vers le fleuve et la voie ferrée a beau être indiqué comme souhaité, peu d’orientations réglementaires contraignantes permettent sa concrétisation.
La recherche d’attractivité et de développement économique de la Région Île-de-France, est envisagée sans prendre en compte l’urgence écologique et climatique. Comment atteindre les objectifs de sobriété foncière et de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans changer de paradigme.
Il est indiqué comme objectif de conforter les grandes places aéroportuaires, qui doivent toutefois s’inscrire dans une trajectoire de neutralité carbone. Pourtant, aucune orientation ne concerne la réduction du trafic aérien ou la mise en place d’un plafonnement des vols à Roissy.
Chapitre 5 : « Améliorer la mobilité des Franciliens grâce à des modes de transports robustes, décarbonés et de proximité. » Une approche nouvelle est indispensable
Développer une politique d’emplois adaptés aux résidents, remettre des services de proximité ainsi que des transports de desserte (bus à haut niveau de service et tramways) dans les cœurs de ville permettraient aux actifs de fonctionner pour l’essentiel dans leur bassin de vie, réduisant la demande de déplacements à la source et le chômage. Le SDRIF-E, pour relier les nouvelles centralités entre elles, prévoit la mise en service de 700 nouveaux kilomètres de lignes, qui sont surtout des lignes de «transit», traversant rapidement les territoires sans les desservir, d’où de grands risques d’accroître l’étalement urbain.
La lutte contre l’autosolisme, véritable fléau environnemental, est bien inscrite comme étant l’un des objectifs majeurs de ce chapitre du SDRIF-E. Pourtant, cette ambition est tuée dans l’œuf par la création de voies et l’augmentation de la capacité d'axes routiers.
Le SDRIF-E conditionne l'attractivité du territoire francilien à la croissance du trafic aérien et à l'implantation de nouvelles activités sur les plateformes de Roissy et d'Orly.
Un focus spécifique : les projets routiers
Les déplacements en Île-de-France sont encore trop centrés sur l'usage de la voiture et le développement de nouveaux axes routiers inutiles. Le SDRIF-E doit se donner les moyens d'inverser cette tendance néfaste pour notre territoire.
FNE Ile de France souligne les manques de prise en compte des données liées au trafic :
- manque d’études récentes de déplacement,
- augmentation de la pollution atmosphérique alors qu’une grande partie de l’Ile de France est dans le périmètre de la zone dite sensible pour la qualité de l’air,
- augmentation de la pollution sonore, alors que les niveaux sonores, le long des axes routiers sont déjà supérieurs à ceux préconisés par l’OMS, en 2019,
- artificialisation d'espaces naturels, agricoles et forestiers alors que selon l’INSEE, l’Île-de-France est la région la plus artificialisée,
- augmentation des émissions de CO2 (gaz à effet de serre)
- Le document FNE ile de France reprend l’analyse département par département (citons les départements qui nous concernent)
Pour les Yvelines
Constat
Les Yvelines sont le premier département de grande couronne en termes de nombre d’emplois. Nombreux sont également les habitant.e.s à effectuer des déplacements pendulaires quotidiens.
Les Yvelines connaissent une croissance démographique plus faible que la moyenne francilienne. Les risques industriels dans le territoire sont donc nombreux, et des accidents peuvent survenir. C’est la sécurité et la santé des habitant.e.s ainsi que la préservation de l’environnement qui sont menacées par les risques industriels présents sur le territoire.
L’accès aux services publics se dégrade depuis des années dans de nombreuses zones rurales du département.
Des priorités à prendre en compte :
- des projets potentiellement dangereux pour la santé environnementale,
- une accessibilité du territoire à améliorer : la mise en service de transports en commun de proximité doit être réalisée afin de respecter l’objectif Zéro Emissions Nettes du SDRIF-E.
Pour le Val d’Oise
Constat
Près de la moitié de la surface du département est couverte par des exploitations agricoles.
Le département a un faible taux d’emplois par rapport à la population active résidente. Il ne faut pas aggraver son rôle “servant” de la métropole (logistique, déchets, transport aérien, grande distribution…) mais diversifier les offres d’emplois.
Des projets contraires aux objectifs du SDRIF-E
L’éco-quartier de Taverny :
- artificialisation de 16 ha de terres agricoles,
- 600 nouveaux logements 800 nouvelles voitures
Le triangle de Gonesse :
- superficie agricole de 670 ha,
- projet d’une cité scolaire (lycée de 1650 places et collège de 600 places),
- nuisances sonores de Roissy et du Bourget,
- gare de la ligne 17 loin de toute habitation (1,7 km pour les premières) et ensemble ZAC sur 300 ha
Priorités à prendre en compte
Les projets prévus sur le département du Val-d’Oise sont inadaptés au vu de leur effet délétère sur l’environnement. Ils sont contraires aux principes énoncés par le SDRIF-E :
- des projets contraires aux objectifs d’économie circulaire en privilégiant l’artificialisation d’espaces naturels, agricoles et forestiers pour atteindre l’obligation de construction des 70 000 logements neufs par an. Pour être véritablement circulaire, la politique du logement devrait être axée sur l’amélioration qualitative du parc existant,
- des projets contraires aux objectifs de protection des terres agricoles et de la lutte contre l’étalement urbain. La séquence « Éviter, Réduire, Compenser » est trop souvent détournée de son objet initial en ne mettant en place que des mesures de compensation dérisoires.
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